Toujours en Alsace, et toujours dans le cadre des marchés de Noël, intéressons nous à la thématique recherchée avec ingéniosité par les communes d’Alsace. Le principe consiste à ne pas imiter la cité voisine tout en constatant que toutes les initiatives en terme de décoration, d’illuminations, de cabanons ou de produits vendus se retrouveront dans un mimétisme à toute épreuve.

Colmar, quai des poissonniers...
On pourrait penser que le thème central puisse tourner autour de la célébration de la fête de Noël à savoir la naissance du Christ. Mais cela ne doit sans doute pas être une bonne cible car la célébration ne dure qu’une nuit. Alors mieux vaut jouer la préparation qui a l’avantage de durer dans le temps avec 30 jours de mini festivités et de commerce soutenu.
L’Alsace a donc misé tout particulièrement sur les petits et les grands marchés. Notion plus commerciale et économique que festive et charitable. Certaines communes ont pensé que le thème du passé tendrait à démontrer que la coutume remonte très loin dans l’histoire. C’est un Noël ancestral pour l’écomusée d’Ungersheim, un Noël médiéval ou du Moyen Âge pour Ribeauvillé et Zillisheim. Neuf Brisach va même faire de son marché de Noël un marché de l’an1700. Remonter plus loin aurait conduit à choisir l’an 0, mais là nous nous serions transportés en Palestine à Bethléem plus précisément!
L’histoire soit, mais finalement mieux vaut se concentrer sur des évocations qui se rapprochent de la symbolique de Noël, comme le chemin des crèches à Bergheim, ou celle des lumières (origine de la fête païenne du solstice d’hiver) à Montbéliard ( dans le Doubs !) , voire de la magie à Colmar, des calendriers de l’Avent à Ensisheim et à Fortschwihr, même des cloches ( qui viennent de Douai) jusqu’à Saint-Louis. Certaines cités avaient inventé ces dernières années « le cœur de ville », et bien Riedisheim a trouvé « le cœur de Noël ». Mulhouse a choisi une association surprenante entre chants et étoffes qui échappe à notre naïveté enfantine.
Noël pour d’autres, cela évoque les produits particuliers comme les gâteaux de Noël pour Thann, les sapins de Noël pour Sélestat ou le gui de Noël ( ?) à Bisheim.
Il y a aussi le choix spécifique d’un lieu, comme les musées de Noël à Ottmarsheim, la forêt enchantée pour Altkirch. La ville de Riquewihr a préféré axé son marché de Noël sur le vignoble et Wesserling fêter Noël dans les jardins.
Poussant l’imagination encore plus loin, certaines communes typiquement alsacienneS ont voulu associer l’Alsace à des contrées plus lointaine, comme un Noël estonien dans la cité du fromage à Munster, un Noël toscan à Sausheim, pourquoi pas un Noël lapon à Pfastatt plutôt que turque, ou un Noël provençal (avec l’accent !) à Gueberschwihr, et de la Forêt Noire à Kaysersberg tout en gardant les traditions et les coutumes locales. Seul le bourg d’Eguisheim a préféré réservé le thème des coutumes d’Alsace pour son marche de Noël.
Toute cette variété de thèmes a ceci d’extraordinaire, c’est que passant d’une cité à l’autre on retrouvera toutes les copies conformes de l’amoncellement décoratif et commerçant au travers de ces supérettes de cabanons, de grandes foires aux baraques et de marchés aux petits chalets. Guirlandes, sapins clignotants, étalages de marchandises, vente de vin chaud, bonnets rouges de pères noël, pains d’épices et tartes flambées pour ne citer que les musts, vont pendant un mois servir de faire valoir aux hordes touristiques déferlant par cars entiers et TGV saturés vers tous ces marchés des vanités.
A quand la commune qui organisera la « fête des petits enfants », la « fête de la gourmandise », la fête de Saint-Nicolas, la fête « des cadeaux pour les démunis ». En vérité ce mois de décembre est une excellente occasion pour parler du thème principal de la présente actualité celui du « pouvoir d’achat ». A moins que pour une majorité d’entre nous c’est la période d’occultation dans l’attente de passer de la magie virtuelle à la réalité quotidienne.